espace kugler - espace d'exposition
19, avenue de la jonction
1205 Genève - contact@espacekugler.ch
thomas schunke

Exposition du 20 au 27 janvier 2006 de 14h à 19h, sam-dim-merc-jeu et sur rdv 078 657 57 20
| opening 20 janvier 2006 à 19h 20h projection vidéo | Clôture 27 janvier 2006 19h concert : WASISTDAS ? vidéo>>>> | 
WALLPAPERS - PAPIERS PEINTS*1
  De prendre le titre du magazine*2 «Wallpaper» à la lettre
    n’est pas seulement un jeu de mot conceptuel qui devient un jeu de
  geste et une prise d’espace artistique.
De prendre le titre du magazine*2 «Wallpaper» à la lettre
    n’est pas seulement un jeu de mot conceptuel qui devient un jeu de
  geste et une prise d’espace artistique.
Il s’agit de transformer des images de rêves capitalistes et consommatrices du haut standing*3 réellement en papier peint*4 et ainsi, de ramener ces images à la réalité banale et décorative du quotidien petit-bourgeois/bourgeois (comme ici un espace d’art contemporain par ex.), de quitter la mise-en-page intentionnelle*5 pour qu’elle devienne mise-en-mur avec des autres intentions, des intentions critiques, analytiques et esthétiques*6.
Le collage/montage des échantillons découpés et déchirés sur le mur suit le processus du copier/coller dans sa forme matérielle. Les magazines «Wallpaper» sont en quelque sorte les rushes, en forme de stockshots et du found footage. Le derushage de cette matière est la première étape d’un autre sens.
Le montage/collage simule/esquisse aussi l'image d'un mur avec des restes de papiers peints décapés. Il donne un storyboard désordonné et non-linéaire d'un "film" (...publicitaire expérimental? TV-culturelle?) qui se projette dans l'espace et non dans le temps.
C'est le visiteur/spectateur qui ajoute au collage/montage la dimension temporelle. C'est d'ailleurs pour moi, cette liberté-là de choisir son temps de la perception, qui fait la différence entre l'art visuel matériel et l'art audiovisuel qui structure un axe de temps.
La contemplation individuelle d'une oeuvre est une liberté classique de l'art qui me semble importante pour se mettre en distance avec une société qui dicte de plus en plus par ses moyens technico-tempo-spatiales et à travers des médias et des outils de communication nos temps de vie.
C'est une courbe qui monte vers un timing collectif absolu, vers l’audimat total, ou tout le monde est synchronisé sur les mêmes images, sons et informations comme le montre par exemple l’événement de l'ouverture des Jeux Olympiques par exemple qui réunit plus de deux tiers de la population mondiale devant les écrans. À part le sport, ce sont les débuts de guerres et les catastrophes de tout genre qui font les meilleurs scores.
notes ______________________________________ :
 *1MON PREMIER PAPIER PEINT photographié
*1MON PREMIER PAPIER PEINT photographié
À 
    un moment autour de mes 13 ans, mes parents décidèrent de rénover
            ma chambre et surtout de changer le papier peint avec des scènes des
            conflits entre cow-boys et indiens, un décor que j'avais eu le droit
            de choisir quelques années auparavant. Je me souviens que l'arrivée
            de ce papier peint avait changé ma vie d'enfant... jour et nuit j'étais
            entouré de mon sujet préféré. Mais à un
            moment, les scènes au nombre de 6 ou 7 qui se répétaient
            sur le mur commençaient à m'ennuyer. La solution était
            de modifier ces scènes et d'en ajouter d’autres avec l'aide
            de mes crayons, chose que j'entrepris tout de suite et qui me valut un des
            conflits les plus violents de mon enfance avec mon père. Je me souviens
            de cette image de mon père énervé et enragé qui
            essayait d'effacer avec tous les moyens possibles mes dessins sur le papier
            peint. Il réussit enfin, mais ses efforts avaient endommagé le
  papier peint original dont il subsistait des taches. Malgré cette mauvaise expérience, mes parents me donnèrent
              encore une fois le droit de choisir mon papier peint favori et je feuilletais
              dans un de ces grands livres avec des échantillons divers de papiers
              peints qui variaient du classique à l'air du temps. À part
              le fait que j'adorais regarder ces livres de papiers peint parce que ça
              me faisait des films, je trouvais la plupart du design trop vieux, rien ne
              me plaisait, sauf un dans la section contemporaine : un papier peint avec
              des formes organiques pop en orange. Nous sommes dans l'Allemagne de 1973,
              après les Jeux Olympiques de Munich qui avaient lancé à fond
  global la couleur orange.À 
    la fin du livre des échantillons, se trouvait une nouveauté du
                marché du papier peint; des grandes photographies kitsch, des clichés
                mégalos de la nature. Tout de suite, je flashais... je voulais ça.
                La photo qui me plaisais le plus était un coucher de soleil rouge
                orange sur une plage avec trois silhouettes noires de palmiers. En plus ça
      jouait avec le papier peint pop orange pour le reste de la chambre. Le
      papier peint photographié était nettement plus cher que
                  le papier peint normal et même que ceux en relief. Mes parents, ancienne
                  famille ouvrière qui avaient accédé pendant ces dernières
                  années de conjoncture forte la petite bourgeoisie prolétaire,
                  n'étaient pas d'accord de payer un papier peint si cher, même
        s'ils approuvaient mon choix, en fait, ils trouvaient aussi cette photo géniale. J'étais tellement obsédé d'avoir mon coucher de soleil
                    que j'insistais et je revenais sur la question pendant des jours que mes
                    parents cédaient enfin. L'enthousiasme d'avoir cette projection permanente
                    d'une image de rêve au-dessus de mon lit persistait pendant quelques
                    mois pour arriver à la fin, après une phase dans laquelle le
                    coucher de soleil sombrait dans l'indifférence, dans le rejet le plus
                    complet de cette image kitsch puis qu’elle me gênait
  quand je recevais des visites de copains et de copines. 
*2...pour design et lifestyle, «the stuff that surrounds us", «branché» depuis un bon moment comme guide esthétique chez Madame et Monsieur Tout-le-monde-creativo-artistico-intello-illico-riche-ou-pauvre, nouvelle classe globalisée de laquelle je fais partie aussi...
*3 de l'architecture, de la mode, du design et de la culture de luxe, le tout plutôt avant-gardiste ou avec valeur confirmée de la modernité/par ex. Bauhaus & Cie
*4...ici l'ornement naturaliste du papier peint, une partie de chasse à la campagne par ex., est remplacé par l'imaginaire d'un certain style, photographié et photoshopié sur papier
*5...une intention qui vise la représentation capitaliste, et plus précisément cette image léchée et sale en même temps de la représentation visuelle du plus-value de Marx
*6...l'idole et l'idéal du communisme : l’ouvrier intellectuel, ici comme artiste indépendant, hors-de-la-loi-du-marché-de-l'art et un mythe nécessaire du même système en même temps
| Travaux antérieurs 
 Kit Tableau Do-it-yourself „TURBO“ 
 Le kit do-it-yourself «TURBO» est un bon exemple. Je ne collerais sûrement pas le mot TURBO sur ma voiture – si j’en avais une – et des rayures rallye sur une VW-Golf me font rire. Mais les deux collés sur une toile qu’on trouve dans les rayons artistiques d’un supermarché brico-loisir, ça me plaît beaucoup. 
 Sculpture do-it-yourself «Vernissage éternel» | 
| CV 1984-90	Etudes à l’école du cinéma de
          Berlin (DFFB) Prochaine exposition : (avec Pascale Favre) : «Radio», Paris, 27. – 30. Avril, 2006 
 « Artiste de l’infiniment court, Thomas Schunke se plait à détourner des fragments d’existence contemporaine pour les jouer dans un dispositif comique minimaliste qui tient autant de l’apprentissage frénétique du sampling que du micro-clip bidouillé. » Fred Cambon, directeur artistique, PI Days, Mai 2004, Musée d’art contemporain de Lyon Probablement je suis obsédé à essayer de transformer – symboliquement à travers l’objet d’art, à travers l’action artistique et avec un dilettantisme certain – des éléments/évènements du monde existant dans quelque chose que je trouve plus «beau» ou plus «performant» – en critiquant/analysant ce monde en même temps. Le souci permanent de cette démarche est de ne pas esthétiser /diaboliser/mythifier ce qu’on critique. Thomas Schunke |